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Un chant des couleurs
Ahmed MEBARKI, travaillant la gouache et la peinture, paraît y rechercher - et réussit dans une certaine mesure - un équilibre dans une floraison de formes, alliant la figuration en raccourci à la profusion de sens propre à la pure abstraction.
Venant d'un homme modeste jusqu'à l'effacement, son œuvre appuyée sur beaucoup de persévérance, nourrie de toute l'expérience concrète d’un autodidacte passionné, est à son image : discrète comme lui. Elle est aussi en pleine évolution, il est le premier à le reconnaître. Si elle continue d'exiger de lui de constants efforts d’application, de travail orienté à partir de lectures et de réflexions, elle parait en droit d’attendre, de l'amateur, un minimum d'attention. A ce prix peuvent en être pénétrer la signification, saisies les subtilités et dans l’ensemble la beauté, parfois l’horreur ou le tragique.
Il ne se prive dès lors d'aucun atout qu'il peut y trouver. Néanmoins tout l'art classique, et pas seulement la peinture de chevalet, semble avoir épuisé tous ses thèmes, ses moyens d'expression. Il remonte aussi à une époque qui n'est pas la nôtre. On ne pourrait refaire Botticelli, Rubens, non plus qu'on ne le saurait pour Mohammed Racim ou Issiakhem. Il n'y a d'ailleurs à cela pas la moindre utilité. Chaque grand artiste est unique en son genre : il suffit d'un seul pour enrichir l'humanité.
Pour tout nouvel artiste, il n'est d'autre choix possible que d'être soi-même en l'étant pleinement; d'appartenir sans réserve à une terre, à un ciel, à un type d'homme; de se laisser imprégner par eux, inonder par une qualité de lumière; de garder au fond du cœur et des yeux leurs couleurs spécifiques, de manière à pouvoir en restituer le reflet dédoublé, l'âme, la quintessence.
Le signe, le symbole, l'abstraction simplifiée et encore déchiffrable sont, de toute évidence, dans nos antiques traditions, les mieux ancrées. Parmi tant d'œuvres picturales en pleine éclosion dans notre pays, celle de MEBARKI se démarque par une heureuse alliance entre deux genres d’expression. Symbiose préméditée et patiemment élaborée, elle ne se refuse, pour éviter de s'appauvrir, ni la densité du signe abstrait ni une ébauche de figuration pour ce que celle-ci offre de signifiant plus accessible.
Sa modernité réside dans ce qu'elle se veuille ouverte et puisse se prêter à de nombreuses interprétations, fussent-elles contradictoires. Quoi qu'il en soit, ne l'oublions pas, l'œuvre d'art trouve sa raison d'être dans la communication, la transmission à l'autre d'un message, d'une sensibilité, d'un état d'âme. La richesse d'une oeuvre se mesure à sa charge polysémique. Au fait que le plus grand nombre puisse se reconnaître en elle. Et cela s'il est vrai — ce dont nous n'avons pas à douter -— que la beauté comme le tragique, d’essence indicible, tiennent aussi bien dans le regard qui voit que dans la chose vue.
Des gouaches, des tableaux de MEBARKI, se dégage une impression d'irréalité nocturne. Des objets connus, des êtres vivant souffrants, y sont décelables pour un œil exercé ou un regard qui s'attarde. Qu'un seul élément, pour étrange qu'il soit, puisse y être identifié, tout un monde vient se construire autour et, perdant son aspect chaotique et agressif, est rendu à notre familiarité.
Le réalisme dans le domaine de l'art se trouve récusé de nos jours. Le monde et la vie se sont révélés plus complexes qu'on ne l'a cru. La perception du réel dépend en définitive des intermittences de notre lucidité, des hauts et des bas de notre niveau de conscience, jamais égal à lui-même. La plupart du temps, ou nous ne voulons pas, ou nous ne pouvons pas, ou nous ne savons pas voir, ce qui s'appelle voir.
Pour nous y aider, il y a des œuvres d'artistes-peintres. Celle de MEBARKI pourrait être du nombre. Elle nous apprend à voir autrement. Tel que dans nos rêves agités ou nos cauchemars émergeant de nombreuses couches de ténèbres. D’abord un chant des couleurs inouï. Vassili Kandinsky, en libérant la peinture de l'objet, des contraintes de la figuration, ne lui assignait pas d'autre but à l'avenir.
Primauté de la couleur. Que son chant s'élève dans le silence de plomb qui nous entoure, en dépit de tous les gémissements de jungle et les piaillements de basse-cour. Discordant, parfois déchirant, il signifiera les ruptures de la vie moderne. Pareil amalgame de formes monstrueuses, de couleurs agressives, effervescentes, nous fait vaciller entre l'inconscience et l'état de veille. Une poésie de volcan en pleine éruption y coule de source, pour ainsi dire. Torrentueuse, elle avance vers nous. Pour en avoir pris quelques gorgées, nous avons trouvé le breuvage brûlant et corrosif. Attention d'en approcher sans vous protéger de votre scaphandre d'amiante.
Les techniques utiles de l'artiste pour ses tableaux sont différentes comme : le cuivre, le fer, le bois, la pierre, le café, les produits chimiques, le grésil, le goudron, le safran, le bronze, la porphyre, le thé, les vêtements... Acquisition de ses oeuvres par le Musée National des beaux arts d'Alger — Musée Ahmed Zabana — Oran et Musée Nasreddine Dinet.
Collection Privée:
France – Belgique – Maroc – Russie – Chine Populaire – Italie – Japon – Angleterre – Pologne – Roumanie – Tunis – Lybie – Charika – Etats-Unis.
Œuvres acquises par :
· Le musée des beaux arts – Alger
· Le musée national Ahmed Zabana – Oran
· Le musée Nasr Eddine Dinet – Bousaada
· Le musée d’art et d’histoire – Tlemcen
Prix:
§ 1er prix des arts plastiques - comité des fêtes ville de Tlemcen 1988.
§ 2ème prix Affiche «ART» 1993
§ 3ème prix Festival des arts plastiques - Souk Ahras - 1996.
§ 1er prix : Affiche environnement 99.
§ 2ème prix Maghnia – Tlemcen 1985 – 1986
§ 3ème prix Journée Bechar des arts plastiques 2007 – 2008
§ Wissam Oujda – Maroc, 1989.
§ Sid ahmed bouali
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